Marcher contre le mal de dos : ce que révèle la grande étude WalkBack

Le mal de dos, aussi appelé lombalgie, est l’un des maux les plus fréquents dans le monde. Selon les estimations, près de 70 % des personnes qui connaissent un épisode de lombalgie en vivront une récidive dans l’année qui suit.
Cette réalité pèse lourdement, à la fois sur la qualité de vie des individus et sur les systèmes de santé. Une étude australienne récente, publiée dans la prestigieuse revue The Lancet en juillet 2024, apporte une lueur d’espoir : la marche, accompagnée d’un programme éducatif individualisé, pourrait réduire de manière significative le risque de récidive. Décryptage et mise en perspective avec la pratique ostéopathique.
1 – L’étude WalkBack : de quoi s’agit-il ?
L’essai clinique WalkBack a suivi plus de 700 participants australiens ayant récemment récupéré d’un épisode de lombalgie non spécifique. Les participants ont été répartis en deux groupes : l’un bénéficiant d’un programme individualisé de marche progressive encadré par un physiothérapeute, associé à des séances d’éducation à la douleur ; l’autre sans intervention spécifique. Le suivi a duré entre 12 et 36 mois.
Résultat marquant : le groupe « marche + éducation » a vu son risque de récidive diminuer de 28 % par rapport au groupe témoin. En moyenne, les patients de ce groupe ont connu leur première récidive au bout de 208 jours, contre 112 jours pour ceux sans intervention. Autre point fort : le programme s’est révélé non seulement efficace, mais aussi rentable économiquement, avec un excellent rapport coût/bénéfice.
2 – Pourquoi la marche est-elle si efficace ?
La marche est une activité physique accessible, peu coûteuse et adaptable. Elle améliore la santé cardiovasculaire, stimule la circulation, favorise une meilleure oxygénation des tissus et aide à réduire les tensions musculaires. Contrairement à des programmes plus complexes nécessitant matériel et encadrement rapproché, la marche peut s’intégrer facilement dans le quotidien.
L’étude a également montré que la combinaison avec l’éducation est essentielle. Comprendre que la douleur n’est pas forcément synonyme de lésion grave, apprendre à gérer les récidives mineures et à garder confiance dans le mouvement sont des clés pour prévenir le cercle vicieux de la douleur et de l’inactivité.
Schéma 1 : Les effets positifs de la marche
- Circulation sanguine améliorée.
- Renforcement musculaire doux.
- Réduction du stress.
- Prévention des récidives de lombalgie.
3 – Lien avec l’ostéopathie
En ostéopathie, le mouvement est considéré comme fondamental à la santé. Les techniques manuelles visent à restaurer la mobilité des tissus, mais le suivi ne s’arrête pas à la table de soin. Encourager le patient à bouger, à retrouver confiance dans ses capacités physiques et à adopter des habitudes saines fait partie intégrante de la démarche. L’étude WalkBack renforce cette vision : associer le soin manuel à un accompagnement éducatif et à une activité douce comme la marche constitue une approche globale, centrée sur le patient.
Ainsi, l’ostéopathe peut jouer un rôle complémentaire clé : d’une part, en aidant à soulager les douleurs et tensions qui freinent la reprise du mouvement ; d’autre part, en accompagnant le patient dans l’intégration progressive d’exercices simples comme la marche, adaptés à son rythme et à ses besoins.
Schéma 2 : Approche combinée Ostéopathie + Marche
- Traitement manuel ostéopathique → Soulagement des tensions.
- Marche progressive → Maintien du movement.
- Education à la douleur → Confiance retrouvée.
- Prévention des récidives.
4 – Des résultats concrets et encourageants
Outre la diminution des récidives, les patients du groupe WalkBack ont également montré une réduction des limitations fonctionnelles liées au dos et une amélioration de leur qualité de vie. Ces résultats encouragent à voir la prévention comme un investissement de santé publique et non comme une charge. À l’heure où la lombalgie représente la première cause mondiale d’années vécues avec un handicap, des solutions simples, accessibles et efficaces comme la marche devraient être valorisées.
Conclusion : une piste à intégrer en pratique ostéopathique
L’étude WalkBack apporte une preuve solide : marcher régulièrement, avec un programme adapté et des conseils personnalisés, permet de réduire significativement le risque de récidive de lombalgie. Pour les ostéopathes, c’est une confirmation de l’importance d’encourager le mouvement et l’auto-gestion dans la prise en charge du mal de dos. Marcher, se réapproprier son corps et comprendre sa douleur : voilà un triptyque gagnant à intégrer dans l’accompagnement global des patients. N’hésitez pas à demander conseil à votre ostéopathe concernant toute forme d’activitée physique.
Références scientifiques
Pocovi NC, Lin CC, French SD, Graham PL, van Dongen JM, Latimer J, Merom D, Tiedemann A, Maher CG, Clavisi O, Tong SYK, Hancock MJ. Effectiveness and cost-effectiveness of an individualised, progressive walking and education intervention for the prevention of low back pain recurrence in Australia (WalkBack): a randomised controlled trial. Lancet. 2024 Jul 13;404(10448):134-144. doi: 10.1016/S0140-6736(24)00755-4. Epub 2024 Jun 19. PMID: 38908392.