Syndrome de stress tibial médial (périostite tibiale) et ostéopathie

6 Mai 2024

Le syndrome de stress tibial médial, également connu sous le nom de périostite tibiale médiale, est une blessure courante chez les coureurs et les athlètes qui pratiquent des activités impliquant des mouvements répétitifs de flexion dorsale du pied et de pronation.

1 – Anatomie du périoste tibial

Le périoste tibial est une membrane fibreuse dense et résistante qui entoure l’os tibial, également appelé tibia, qui est l’un des os de la jambe. Voici quelques éléments clés de l’anatomie du périoste tibial :

  1. Composition : Le périoste tibial est composé de fibres de collagène, de cellules ostéogéniques (qui forment de l’os), de vaisseaux sanguins et de nerfs.
  2. Fonction : Il a plusieurs fonctions importantes, notamment la protection de l’os tibial, la fourniture de nutriments et d’oxygène aux cellules osseuses, ainsi que la participation à la régénération osseuse en cas de fracture.
  3. Relation avec l’os : Le périoste est intimement lié à l’os tibial. Les fibres de collagène du périoste sont entrelacées avec les fibres de l’os, ce qui renforce la fixation du périoste à l’os.
  4. Vascularisation : Le périoste est très vascularisé, ce qui signifie qu’il est bien irrigué par des vaisseaux sanguins. Cette vascularisation importante est essentielle pour la nutrition et la régénération de l’os.
  5. Innervation : Le périoste est également innervé par des nerfs qui transmettent des sensations.

2 – Biomécanique du périoste tibial

La biomécanique du périoste tibial lors de la course à pied est importante car le périoste est soumis à des contraintes et des forces répétitives qui peuvent influencer la santé osseuse et jouer un rôle dans le développement du syndrome de stress tibial, une blessure courante chez les coureurs.
Voici quelques éléments clés de la biomécanique du périoste tibial pendant la course à pied :

Voici quelques éléments clés de la biomécanique de la colonne vertébrale :

  1. Force de réaction au sol : Lorsque le pied frappe le sol pendant la course, une force de réaction au sol est générée. Cette force est transmise à travers l’os tibial et le périoste.
  2. Tension musculaire : Les muscles qui entourent le tibia, tels que le muscle tibial antérieur et le muscle soléaire, se contractent et exercent une tension sur le périoste tibial pendant la course. Cette tension peut augmenter en fonction de la vitesse de la course et du terrain.
  3. Contraintes de flexion et de torsion : Lorsque le pied fléchit et se déplace dans différentes directions pendant la course, cela crée des contraintes de flexion et de torsion sur le tibia, ce qui peut également affecter le périoste.
  4. Adaptation osseuse : Le périoste tibial a la capacité de s’adapter à ces contraintes en stimulant la formation osseuse là où les contraintes sont les plus élevées. Cependant, une surcharge ou des contraintes anormales peuvent entraîner des douleurs et des blessures.
  5. Syndrome de stress tibial : Une surutilisation ou des contraintes excessives répétées sur le périoste tibial peuvent conduire au syndrome de stress tibial, caractérisé par une douleur le long du tibia. Cela peut être dû à une mauvaise technique de course, à un mauvais choix de chaussures, à une augmentation soudaine de l’entraînement, ou à d’autres facteurs.

En conclusion, la biomécanique du périoste tibial pendant la course à pied est complexe et dépend de nombreux facteurs. Une compréhension de ces mécanismes peut aider les coureurs à prévenir les blessures et à maintenir une santé osseuse optimale.

3 – Les causes du syndrome de stress tibial médial (périostite tibiale)

Le syndrome de stress tibial médial est généralement causé par une combinaison de facteurs qui entraînent une surcharge du tibia et du périoste tibial médial. Voici quelques-unes des causes courantes de ce syndrome :

  1. Surutilisation ou augmentation soudaine de l’activité : augmenter brusquement l’intensité ou la durée de l’activité physique, en particulier la course à pied, peut entraîner une surcharge du tibia et du périoste. C’est la cause principale, le syndrome de stress tibial médial est un symptôme d’augmentation de charge d’entrainement.
  2. Chaussures inappropriées : un changement brutal de type de chaussure peut provoquer l’apparition du syndrome de stress tibial médiale comme le passage trop rapide d’une chaussure maximaliste à une chaussure minimaliste.
  3. Surface de course dure ou irrégulière : Courir sur des surfaces dures, comme le béton, ou sur des terrains irréguliers peut augmenter les forces exercées sur le tibia. Surtout si votre corps n’y est pas habitué.
  4. Faiblesse musculaire : Une faiblesse des muscles de la jambe, en particulier du muscle tibial antérieur qui stabilise le pied et de ceux du mollet, peut entraîner une augmentation des contraintes sur le tibia ainsi qu’une faiblesse du triceps sural.
  5. Mauvaise technique de course : Une technique de course inefficace peut entraîner une mauvaise répartition des forces sur le tibia et augmenter le risque de blessure notamment si la fréquence n’est pas suffisamment importante.
  6. Manque de repos et de récupération : Ne pas accorder suffisamment de temps de repos et de récupération entre les séances d’entraînement peut ne pas permettre à l’os et aux tissus mous de récupérer correctement, augmentant ainsi le risque de blessure.

Il est souvent nécessaire d’examiner plusieurs de ces facteurs pour comprendre pleinement la cause du syndrome de stress tibial médial chez un individu donné. Une approche multidisciplinaire impliquant des professionnels de la santé spécialisés dans les sports peut être nécessaire pour diagnostiquer et traiter efficacement cette condition.

4 – Les symptômes du syndrome de stress tibial médial (périostite médiale)

Le syndrome de stress tibial médial se manifeste généralement par plusieurs symptômes, principalement localisés le long du bord interne (médial) du tibia. Voici les symptômes les plus courants associés à cette condition :

  1. Douleur le long du tibia : La douleur est généralement ressentie le long du bord interne du tibia, souvent décrite comme une douleur sourde ou lancinante. La douleur peut être présente pendant l’activité physique et peut s’intensifier avec l’effort.
  2. Douleur au toucher : Le tibia peut être sensible au toucher le long de sa surface interne, surtout lorsque la pression est appliquée.
  3. Douleur après l’activité : La douleur peut persister après l’activité physique, en particulier après la course à pied ou d’autres activités qui impliquent un impact répété sur le tibia.
  4. Douleur pendant la marche ou la course : La douleur peut survenir dès les premiers pas et s’aggraver avec la poursuite de l’activité.
  5. Douleur nocturne : Certains individus peuvent ressentir une douleur au tibia pendant la nuit, ce qui peut perturber le sommeil.
  6. Enflure légère : Il peut y avoir une légère enflure le long du tibia, mais cela n’est pas toujours présent.
  7. Rigidité musculaire : Les muscles entourant le tibia peuvent devenir raides ou tendus en raison de la douleur et de la surutilisation.

Il est important de noter que les symptômes peuvent varier en fonction de la gravité de la condition. Dans les cas plus graves, la douleur peut devenir plus intense et être présente même au repos. Si vous ressentez l’un de ces symptômes, il est recommandé de consulter un professionnel de la santé pour un diagnostic précis et un plan de traitement approprié.

5 – Le diagnostic du syndrome de stress tibial médial (périostite tibiale)

Le diagnostic est principalement clinique, le praticien après une anamnèse évocatrice d’une augmentation de charge d’entrainement (plus de dénivelé, plus d’intensité, plus de vitesse) va palper la crête postéromédiale du tibia à la recherche d’une douleur. Cette douleur est diffuse le long de la crête diaphysaire.

Attention à différencier cette douleur d’une fracture de stress tibiale via la réalisation du fulcrum test et d’exclure une fracture de stress de la diaphyse tibiale antérieure qui est plus dangereuse d’un point de vue clinique que la précédente. Les examens complémentaires comme les radiographies ou les échographies ne sont pas utile dans la très grande majoritée des cas.

6 – Le traitement du syndrome de stress tibial médial (périostite tibiale)

Le traitement du syndrome de stress tibial médial vise généralement à réduire la douleur, à permettre la guérison des tissus endommagés et à prévenir les récidives. Voici les approches de traitement les plus couramment recommandées :

  1. Repos et modification de l’activité : Il est important de permettre au tibia de se reposer et de récupérer. Cela peut impliquer une réduction de l’activité physique, en particulier des activités à fort impact telles que la course à pied. La modification de l’activité pour éviter les mouvements qui aggravent la douleur est également recommandée (vitesse, pliométrie, pointe des pieds, dénivelé).
  2. Pratiquer des activités de transfert: Tel que le vélo et la natation qui réduise le stress sur le périoste tout en maintenant la capacité physique.
  3. Ostéopathie: des séances d’ostéopathie peuvent être utile afin de moduler le ressenti douloureux et de travailler sur les pertes d’amplitudes au niveau des articulations ou des chaines musculaires.
  4. Étirements et renforcement musculaire : Des exercices d’étirement et de renforcement des muscles de la jambe peuvent aider à améliorer la flexibilité et la force, ce qui peut réduire la tension exercée sur le tibia.
  5. Physiothérapie : Une thérapie physique peut être recommandée pour aider à renforcer les muscles de la jambe, améliorer la flexibilité et corriger les déséquilibres musculaires qui peuvent contribuer au syndrome de stress tibial médial.
  6. Rééducation progressive : Une fois que la douleur a diminué, il est important de reprendre progressivement l’activité physique pour éviter les récidives. Un programme de rééducation progressif supervisé par un professionnel de la santé peut être bénéfique.

Dans les cas plus graves ou persistants, d’autres options de traitement, telles que l’utilisation d’une attelle de tibia, l’injection de plasma riche en plaquettes (PRP) ou, dans de rares cas, la chirurgie, peuvent être envisagées. Il est recommandé de consulter un professionnel de la santé pour un diagnostic précis et un plan de traitement adapté à votre situation.

7 – Prise en charge ostéopathique du syndrome de stress tibial médial

L’ostéopathe par le biais de sa palpation va rechercher les zones douloureuses puis dans une démarche systématique va vérifier les différentes amplitudes des articulations du membre inférieur   ainsi que du bassin afin de redonner une amplitude physiologique.

L’ostéopathe analysera également finement les tensions musculaires et fasciales qui peuvent partir du pied et s’étendre sur l’ensemble du corps via les différentes chaines musculaires.

Une attention particulière sera portée sur les fascias de la jambe, l’ostéopathe par des techniques adaptées pourra relâcher les tensions neurologiques qui y sont présente.

L’ostéopathie est une démarche holistique, ainsi l’ostéopathe considéra toutes les structures du corps humain ainsi que le contexte psychologique et sociologique de la personne.

Conseil de votre ostéopathe

  • Consulter votre médecin : afin de poser un diagnostic sur votre pathologie.
  • Consulter votre ostéopathe du sport : afin de gérer la douleur, d’analyser les déséquilibres musculaires et articulaires et de vous faire conseiller.
  • Consulter votre kinésithérapeute du sport : afin de mettre en place un plan de traitement incluant des exercices de renforcements musculaires et des assouplissements.
Références scientifiques
  • Moen MH, Holtslag L, Bakker E, Barten C, Weir A, Tol JL, Backx F, The treatment of medial tibial stress syndrome in athletes ; a randomized clinical trial, Sports Med Arthrosc Rehabil Ther Technol. 30 Mars 2012 ; 4 :12.

  • Winters M, Eskes M, Weir A, Moan MH, Backx FJ, Bakker EW, Treatment of medial tibial stress syndrome : a systematic review, Sports Med. Déc. 2013 ; 43(12) : 1315-1333.

Tin KOJIC Ostéopathe D.O.