Syndrome du carrefour postérieur de la cheville et ostéopathie

5 Mar 2024

Le syndrome du carrefour postérieur que l’on peut également nommer « talonette » dans le langage courant est une pathologie de la partie postérieure du pied. Cette affection est retrouvé principalement chez le sportif après la réalisation de mouvement d’hyper-extension de la cheville.

1 – Anatomie de l’articulation sous-talienne

L’articulation talo-calcanéenne, également appelée articulation sous-talienne ou articulation de l’arrière-pied, est une des articulations principales du pied. Elle se situe entre l’astragale (talo) et le calcanéum (os du talon). Cette articulation est essentielle pour les mouvements de flexion dorsale (pointe du pied vers le haut) et de flexion plantaire (pointe du pied vers le bas) du pied.

Voici une description anatomique détaillée de l’articulation talo-calcanéenne :

Talus (Astragale) :

Le talus est un os en forme de cube qui se trouve entre le tibia et le calcanéum.
Il a des surfaces articulaires concaves qui s’articulent avec d’autres os du pied.
La surface articulaire supérieure de l’astragale, appelée dôme, forme l’articulation talo-calcanéenne.

 

Calcanéum (Os du talon) :

Le calcanéum est le plus grand os du pied, situé sous l’astragale.
Il a une surface articulaire convexe qui s’articule avec l’astragale pour former l’articulation talo-calcanéenne.
À l’arrière du calcanéum se trouve une protubérance appelée tubérosité calcanéenne, où le tendon d’Achille s’attache.

 

Ligaments :

Plusieurs ligaments soutiennent l’articulation talo-calcanéenne et stabilisent les os du pied.
Le ligament talo-calcanéen interosseux relie l’astragale et le calcanéum sur leur surface médiale.
D’autres ligaments, comme le ligament talo-calcanéen postérieur et le ligament talo-calcanéen latéral, contribuent également à la stabilité de l’articulation.

Capsule articulaire :

Une capsule articulaire entoure l’articulation talo-calcanéenne, formant une structure fibreuse qui maintient les surfaces articulaires ensemble.
Cette capsule est renforcée par les ligaments.

 

Tendon calcanéen (d’Achille) :

Le tendon d’Achille est le tendon le plus épais et le plus puissant du corps humain.
Il s’attache à la partie postérieure du calcanéum, juste en dessous de la tubérosité calcanéenne, et provient des muscles du mollet (le muscle gastrocnémien et le muscle soléaire).
Le tendon d’Achille transmet la force générée par les muscles du mollet vers le pied pour permettre la flexion plantaire.

L’articulation talo-calcanéenne est importante pour la stabilité et la mobilité du pied. Elle est souvent sollicitée dans la marche, la course et d’autres activités physiques, et peut être sujette à des blessures et à des conditions pathologiques, telles que l’arthrite, les entorses ligamentaires ou les fractures, qui peuvent affecter la fonction du pied.

2 – Biomécanique de l’articulation sous talienne

La biomécanique de l’articulation talo-calcanéenne est complexe et joue un rôle crucial dans la locomotion humaine, en particulier lors de la marche, de la course et de divers mouvements du pied. Voici une description détaillée de la biomécanique de cette articulation :

Mouvements articulaires : L’articulation talo-calcanéenne permet principalement deux types de mouvements : la flexion dorsale et la flexion plantaire. La flexion correspond au mouvement de pointe du pied vers le haut, tandis que l’extension correspond au mouvement de pointe du pied vers le bas.

Stabilité et soutien : L’articulation talo-calcanéenne offre une stabilité et un soutien importants au pied, en particulier lors de la phase de propulsion pendant la marche et la course. Les surfaces articulaires convexes de l’astragale et du calcanéum s’emboîtent étroitement, fournissant une base solide pour la transmission des forces du membre inférieur vers le sol.

Muscles impliqués : Plusieurs muscles jouent un rôle dans la biomécanique de l’articulation talo-calcanéenne. Les muscles du mollet, notamment le muscle gastrocnémien et le muscle soléaire, sont particulièrement importants car ils contrôlent la flexion plantaire du pied en se fixant au tendon d’Achille, qui s’insère sur le calcanéum. D’autres muscles, tels que le tibial antérieur et le long extenseur des orteils, contribuent à la flexion dorsale du pied.

Tendon d’Achille : Le tendon d’Achille est le principal tendon qui relie les muscles du mollet au calcanéum. Lorsqu’il se contracte, le tendon d’Achille transmet la force générée par les muscles du mollet vers l’arrière-pied, ce qui entraîne une extension du pied. Le tendon d’Achille joue un rôle crucial dans la propulsion et la stabilité du pied pendant la marche et la course.

Répartition des charges : L’articulation talo-calcanéenne est soumise à des charges importantes pendant la locomotion. Lors de la marche et de la course, le poids du corps est transmis à travers l’articulation talo-calcanéenne vers le sol, ce qui nécessite une distribution efficace des forces pour minimiser les contraintes sur les tissus et les structures articulaires.

En résumé, la biomécanique de l’articulation talo-calcanéenne est essentielle pour la fonction normale du pied et pour la réalisation de diverses activités de la vie quotidienne. Une compréhension approfondie de cette biomécanique est importante pour diagnostiquer et traiter efficacement les blessures et les affections liées à cette articulation.

3 – Les causes du syndrome du carrefour postérieur de la cheville

Le syndrome du carrefour postérieur de la cheville est une condition médicale caractérisée par la compression ou l’irritation des structures anatomiques situées à l’arrière de la cheville, près de sa jonction avec la jambe. Les causes de ce syndrome peuvent être variées et comprennent :

  1. Os trigonum : Certains individus peuvent présenter un petit os supplémentaire appelé os trigonum situé à l’arrière de la cheville. Lorsque cet os est présent et qu’il subit une compression, cela peut provoquer des symptômes de syndrome du carrefour postérieur de la cheville et dans les cas extrême une fracture de Shepher-Cloquet qui peut nécessiter une chirurgie.
  1. Bursite rétrocalcaneenne : L’inflammation de la bourse (une petite poche de liquide) située entre le tendon d’Achille et l’os du talon (calcanéum) peut provoquer des symptômes similaires à ceux du syndrome du carrefour postérieur de la cheville.
  1. Traumatismes : Les blessures traumatiques telles que les entorses de la cheville peuvent également être associées au développement du syndrome du carrefour postérieur, en raison de la formation de cicatrices ou de la déformation des structures anatomiques autour de la cheville.
  1. Activités à forte intensité : Les activités physiques qui impliquent des mouvements répétitifs de flexion ou de extension de la cheville, comme la danse, le ballet, le saut, les sports collectifs comme le football. C’est le cas le plus fréquent, les tissus mous péri articulaire notamment la capsule articulaire va créer de la sensibilité et être responsable de douleur.

4 – Les symptômes

Le syndrome du carrefour postérieur de la cheville présente plusieurs symptômes, qui peuvent varier en intensité d’une personne à l’autre. Les symptômes les plus courants comprennent :

  1. Douleur à l’arrière de la cheville : La douleur est souvent ressentie à l’arrière de la cheville, près de la jonction avec la jambe. Elle peut être décrite comme une douleur sourde, lancinante ou pulsatile.
  1. Douleur à l’extension de la cheville : La douleur est généralement exacerbée lors de l’extension du pied, c’est-à-dire lorsque vous pointez vos orteils vers le bas. Cela peut être particulièrement notable lors de la marche, de la course, de la montée des escaliers ou d’autres activités qui impliquent ce mouvement.
  1. Rigidité articulaire : Certains individus peuvent ressentir une sensation de raideur ou de blocage à l’arrière de la cheville, en particulier lorsqu’ils tentent de fléchir dorsalement le pied.
  1. Gonflement et sensibilité : Il peut y avoir une légère enflure et une sensibilité à la palpation de la zone affectée à l’arrière de la cheville.
  1. Limitation de la mobilité : En raison de la douleur et de la raideur, il peut y avoir une limitation de la gamme de mouvement de la cheville, en particulier lors de la flexion et de l’extension de cheville.
  1. Inconfort lors de la marche ou de la course : Les symptômes du syndrome du carrefour postérieur de la cheville peuvent rendre la marche, la course ou d’autres activités physiques inconfortables ou douloureuses.

Il est important de noter que les symptômes du syndrome du carrefour postérieur de la cheville peuvent être similaires à ceux d’autres affections de la cheville, telles que les entorses, les tendinopathies ou les problèmes articulaires.

5 – Le diagnostic du syndrome du carrefour postérieur de la cheville

Il est avant tout clinique par la palpation de la zone douloureuse et la réalisation d’un test d’impaction. Ce test doit reproduire la douleur, toutefois ce test n’est pas spécifique et cela nécessite de faire le diagnostic entre : un syndrome du carrefour postérieur de la cheville, une tendinopathie du tendon calcanéen (achilléen), une bursite ou encore une fracture de l’os trigone.

En cas de doute il est nécessaire de faire une radio sous prescription médicale afin d’écarter la présence d’une fracture de fatigue ou la fracture de l’os supplémentaire trigone.

Dans la très grande majorité des cas il n’y a pas de fracture et la cause est en lien avec les structures péri articulaire en arrière de l’articulation sous-talienne.

6 – Le traitement du syndrome du carrefour postérieur de la cheville:

Le traitement du syndrome du carrefour postérieur de la cheville dépend de la cause sous-jacente, de la gravité des symptômes et des préférences du patient. Voici quelques options de traitement qui peuvent être envisagées :

  1. Repos et modification des activités : Il est souvent recommandé de réduire ou d’éviter les activités qui exacerbent les symptômes, telles que la marche prolongée, la course, le saut ou les mouvements qui impliquent une flexion / extension de la cheville. Le repos permet de réduire l’inflammation et de permettre la guérison des tissus affectés.
  1. Glace : L’application de glace sur la zone douloureuse peut aider à réduire l’inflammation et à soulager la douleur.
  1. Thérapie physique : La thérapie physique peut inclure des exercices d’étirement et de renforcement pour améliorer la flexibilité, la force musculaire et la stabilité de la cheville.
  1. Des techniques de thérapie manuelle, de massage, de manipulation et de mobilisation articulaire peuvent également être utilisées pour soulager les tensions et améliorer la mobilité.
  1. Injection de corticostéroïdes : Dans certains cas, une injection de corticostéroïdes peut être recommandée pour réduire l’inflammation autour de l’articulation et soulager les symptômes.
  1. Chirurgie : Si les symptômes persistent malgré les traitements conservateurs, ou si la condition est due à une anomalie anatomique telle qu’un os trigonum avec une fracture, une intervention chirurgicale peut être envisagée pour résoudre le problème sous-jacent. La chirurgie peut impliquer la libération des structures comprimées, la résection de l’os supplémentaire (si présent), ou d’autres procédures visant à restaurer la fonction normale de la cheville.

7 – Traitement ostéopathique du syndrome du carrefour postérieur de la cheville

Comme nous l’avons vu plus haut dans la grande majorité des cas la problématique est due à un mouvement violent ou répété d’hyperextension de la cheville qui va impacter les tissus mous en arrière de l’articulation sous-talienne.

L’ostéopathe par des manipulations et mobilisation de l’articulation sous-talienne va restaurer une bonne amplitude au niveau de la cheville. L’expérience montre que dans la majorité des cas le résultat est très rapide dans l’amélioration de la douleur et de l’amplitude. Si l’amplitude normale est rétablie la douleur diminue nettement.

En fonction de la gravité et de l’ancienneté de la problématique il faut parfois travailler plusieurs fois sur la zone. Si le symptôme est présent depuis longtemps le corps met en place des attitudes antalgiques afin de limiter la douleur ce qui peut limiter les amplitudes et créer de la douleur à distance sur le genou ou sur le bassin par exemple.

La réalisation d’exercice d’assouplissement et de renforcement musculaire en flexion et en extension de cheville est très complémentaire.

L’ostéopathie est bien évidemment contre-indiquée si la cause du syndrome du carrefour postérieur de la cheville est due à une fracture.

Conseil de votre ostéopathe

  • Consulter votre médecin : afin de poser le diagnostic notamment s’il y a une notion de fort traumatisme avec une suspicion de fracture.
  • Consulter votre kinésithérapeute : afin de réaliser des massages, des exercices d’assouplissement et de renforcement musculaire de la cheville.

  • Consulter votre ostéopathe : afin de manipuler et mobiliser la cheville pour restaurer l’amplitude articulaire et diminuer la douleur.

Références scientifiques
  • J-C MOATI Syndrome du carrefour postérieur de la cheville. 2016. Elsevier MASSON.

Tin KOJIC Ostéopathe D.O.