Syndrome de la bandelette ilio-tibiale proximale et ostéopathie

26 Fév 2024

Les douleurs latérales ressenties à la hanche peuvent être symptomatiques de plusieurs pathologies, dont le syndrome de la bandelette ilio-tibiale proximale. En effet, une petite poche fibreuse, close, contenant du liquide et ayant pour rôle de diminuer les frictions est située entre la bandelette illio-tibiale et l’os trochanter (os de la hanche). Nous allons voir plus en détail les différents aspects de ce problème qui touche les coureurs à pieds.

1 – Anatomie

Le muscle tenseur du fascia lata (TFL) et la bandelette ilio-tibiale (BIT) sont deux structures anatomiques situées à la partie latérale de la cuisse. Voici une description de leur anatomie :

Muscle tenseur du fascia lata (TFL) : Le TFL est un petit muscle situé à la partie supérieure et latérale de la cuisse. Il a plusieurs fonctions, dont celle d’aider à stabiliser la hanche et à maintenir la tension dans la bandelette ilio-tibiale pendant la marche et la course.

Origine : Le TFL prend naissance à partir de la crête iliaque, qui est la partie supérieure de l’os iliaque de la hanche.

Insertion : Le TFL s’insère sur le fascia lata, une membrane fibreuse qui enveloppe les muscles de la cuisse. Il se prolonge vers le bas pour former la bandelette ilio-tibiale.

Bandelette ilio-tibiale (BIT) : La bandelette ilio-tibiale est une épaisse bande de tissu conjonctif qui s’étend du TFL à la partie supérieure du tibia. Elle joue un rôle important dans la stabilisation latérale de la hanche et du genou.

Trajet : La BIT court le long du côté externe de la cuisse, depuis la crête iliaque jusqu’à l’extérieur du genou. Elle passe par-dessus le condyle latéral du fémur et s’insère dans le tubercule infra condylaire (Gerdy), une éminence osseuse à la partie supérieure du tibia.

Fonction : La principale fonction de la BIT est de stabiliser le genou et la hanche pendant les mouvements de flexion et d’extension. Elle contribue également à éviter le frottement excessif du tendon du TFL sur les structures sous-jacentes.

Il est important de noter que l’anatomie peut varier légèrement d’une personne à l’autre, mais cette description donne une idée générale de la structure et de la fonction du muscle tenseur du fascia lata et de la bandelette ilio-tibiale.

2 – Biomécanique

La biomécanique du muscle tenseur du fascia lata (TFL) et de la bandelette ilio-tibiale (BIT) est complexe et implique plusieurs mouvements et interactions au niveau de la hanche, du genou et de la cuisse. Voici une explication de la biomécanique de ces structures :

Fonctions principales du TFL et de la BIT :

  1. Stabilisation de la hanche : Le TFL contribue à la stabilisation de la hanche en participant à la rotation externe et à l’abduction de la cuisse.
  2. Stabilisation du genou : La BIT joue un rôle important dans la stabilisation latérale du genou, en particulier pendant les mouvements de flexion et d’extension.

Actions du TFL : Le TFL exerce plusieurs actions importantes sur la biomécanique de la cuisse et de la hanche :

  1. Abduction de la cuisse : Lorsque le TFL se contracte, il participe à l’abduction de la cuisse (éloignement de la cuisse du milieu du corps).
  2. Flexion de la cuisse : Le TFL contribue également à la flexion de la cuisse (soulever la cuisse vers l’avant).
  3. Rotation externe de la cuisse : Il aide à la rotation externe de la cuisse, c’est-à-dire tourner la cuisse de telle sorte que le genou regarde vers l’extérieur.

Actions de la BIT : La bandelette ilio-tibiale exerce principalement une traction et une stabilisation sur le genou :

  1. Stabilisation latérale du genou : Pendant les mouvements de flexion et d’extension du genou, la BIT exerce une traction sur le condyle latéral du fémur et contribue ainsi à la stabilisation latérale du genou.
  2. Prévention de l’adduction excessive du genou : Lorsque le genou fléchit, la BIT prévient une adduction excessive du genou, c’est-à-dire que le genou ne se rapproche pas trop du milieu du corps.

Interaction entre le TFL et la BIT : Lorsque le TFL se contracte, il exerce une tension sur la bandelette ilio-tibiale, ce qui peut provoquer un effet de levier sur le condyle latéral du fémur. Cette interaction peut avoir un impact sur la biomécanique du genou, en particulier pendant les mouvements de flexion et d’extension.

En résumé, la biomécanique du muscle tenseur du fascia lata et de la bandelette ilio-tibiale est essentielle pour la stabilité et la coordination des mouvements de la hanche et du genou. Une interaction équilibrée entre ces structures est importante pour un fonctionnement harmonieux du membre inférieur.

3 – Biomécanique de la course à pied

La biomécanique du muscle tenseur du fascia lata (TFL) et de la bandelette ilio-tibiale (BIT) joue un rôle crucial lors de la course à pied, car ces structures sont fortement sollicitées pendant ce type d’activité. Voici comment le TFL et la BIT interviennent pendant la course à pied :

TFL et BIT lors de la course à pied :

  1. Stabilisation de la hanche : Pendant la course à pied, le TFL est activement impliqué dans la stabilisation de la hanche. Lorsque vous soulevez une jambe pour faire un pas, le TFL contracté aide à maintenir la stabilité de la hanche du côté opposé en empêchant l’inclinaison excessive du bassin vers le côté de la jambe levée.
  2. Contrôle de la rotation et de l’alignement du genou : Le TFL joue un rôle dans le contrôle de la rotation du genou. Lorsque le pied touche le sol lors de la phase de contact initial de la course, le TFL exerce une influence sur la position du genou en aidant à maintenir un alignement approprié, ce qui peut contribuer à éviter des mouvements indésirables.
  3. Stabilisation latérale du genou : La BIT exerce une traction sur le condyle latéral du fémur et contribue ainsi à la stabilisation latérale du genou pendant la course. Cela est particulièrement important lorsque vous déroulez votre pied et fléchissez le genou, car ces mouvements mettent une pression latérale sur l’articulation du genou.
  4. Contrôle de la pronation du pied : Bien que le TFL et la BIT ne soient pas directement responsables de la pronation du pied, une tension excessive dans la BIT peut parfois contribuer à la rotation interne excessive du tibia et du pied, ce qui peut influencer la pronation.

Syndrome de la bandelette ilio-tibiale :

Pendant la course à pied, une répétition constante du mouvement de flexion et d’extension du genou peut entraîner un frottement excessif entre la BIT et le condyle latéral du fémur. Cela peut provoquer une inflammation de la bandelette ilio-tibiale à sa partie proximale ou distale.

Les coureurs à pied sont particulièrement sujets à ce syndrome, en particulier lorsqu’ils courent en descente ou lorsqu’ils augmentent brusquement leur volume d’entraînement.

4 – Symptômes

Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale (BIT) proximale, également connu sous le nom de syndrome de la bandelette ilio-tibiale au niveau de la hanche, est une condition qui se manifeste par des douleurs et des inconforts à la partie latérale de la hanche et du genou. Voici une description détaillée des symptômes associés à ce syndrome :

 

Douleur à la hanche et au genou : Les symptômes du syndrome de la bandelette ilio-tibiale proximale se manifestent généralement par une douleur qui peut varier en intensité. Cette douleur se situe principalement à la partie latérale de la hanche, du haut de la cuisse et peut s’étendre jusqu’à l’extérieur du genou.

Douleur pendant l’activité physique : La douleur est souvent exacerbée pendant les activités physiques qui impliquent des mouvements de flexion et d’extension répétés du genou, comme la course à pied, la marche, le vélo et les escaliers. La douleur peut commencer de manière légère et s’aggraver au fur et à mesure que l’activité se poursuit.

Douleur à la descente : Particulièrement notables, les douleurs surviennent souvent lors de la descente d’une pente ou d’un escalier, où le frottement répété de la bandelette ilio-tibiale sur le condyle latéral du fémur peut être accentué.

Inconfort en position assise prolongée : Certaines personnes ressentent également de l’inconfort lorsque leur hanche est fléchie, comme lorsque l’on est assis pendant de longues périodes. Cela peut être dû à la tension exercée sur la bandelette ilio-tibiale lorsque le genou est fléchi.

Sensibilité au toucher : La zone affectée peut être sensible au toucher, et une palpation de la région latérale de la hanche et du genou peut déclencher de l’inconfort.

Crépitation ou cliquetis : Certaines personnes peuvent ressentir une sensation de crépitation ou d’instabilité lorsqu’elles bougent leur genou, en raison de l’interaction entre la bandelette ilio-tibiale et le condyle latéral du fémur.

Inflammation : Dans certains cas, une inflammation peut se développer au niveau de la bandelette ilio-tibiale, aggravant ainsi les symptômes.

L’importance du diagnostic précis : Il est important de noter que les symptômes du syndrome de la bandelette ilio-tibiale proximale peuvent être similaires à ceux d’autres problèmes tels que la tendinite du fascia lata ou d’autres affections de la hanche et du genou. Un diagnostic précis par un professionnel de la santé est essentiel pour identifier la cause sous-jacente des symptômes et mettre en place un plan de traitement approprié.

5 – Diagnostic

Il est surtout clinique, le praticien va palper à la recherche de la zone douloureuse. La flexion, rotation médiale et abduction de la hanche contre la résistance du praticien sera douloureuse. L’anamnèse est souvent évocatrice avec des douleurs accentuées lors de parcours irréguliers ou en descente. Le syndrome de la bandelette ilio tibial peut être distale (proche du genou) ou proximale (proche de la hanche).

Cela peut être complété par la réalisation d’une échographie mais l’utilité est faible car bien souvent le diagnostic est évident par un examen clinique bien mené. D’autres examens radiologique, scanner IRM peuvent être réalisées sous prescription médicale en cas de suspicion de problème de hanche associé notamment une arthrose de hanche.

Attention toutefois de ne pas confondre ce syndrome avec un problème de hanche ou d’autres tendinopathies notamment celle du moyen fessier, un syndrome de la bandelette tibiale distale ou une méralgie.

6 – Les causes

Elles sont multifactorielles comme souvent mais la cause majeur est la sursollicitation mécanique :

  • L’augmentation de la charge d’entrainement, le syndrome de la bandelette ilio tibiale est souvent rencontré lorsque l’on augmente le volume d’entrainement.
  • La biomécanique de course ainsi que les déséquilibres musculaires peuvent favoriser l’apparition du syndrome. Ce syndrome est souvent unilatérale, la biomécanique permet souvent d’expliquer pourquoi un côté est touché et pas l’autre.
  • La récupération, un manque de récupération notamment de sommeil va limiter les capacités d’adaptations de l’organisme ce qui peut concourir à l’apparition du problème.
  • Le stress est un facteur majeur de la diminution de la capacité de l’organisme à se régénérer convenablement après un effort sportif.
  • L’alimentation surtout si elle est inadapté peut participer à l’apparition du syndrome notamment si vous souffrez d’inflammation de bas grade.

7 – Les traitements

Chaque cas est unique il convient donc de vous faire conseiller par un professionnel pour l’adapter. Les traitements seront avant tout par moyens physiques :

  • Diminution du volume d’entrainement, diminution des entrainements en descente ou sur terrain irréguliers.
  • Fractionner les entrainements pour en diminuer le volume, si vous courez longtemps 2 fois par semaine, il serait peut-être plus préférable de faire la même quantité mais sur 4 sorties cela permet à votre corps de s’adapter plus facilement. 
  • Augmentation de l’intensité des entrainements pour compenser la diminution de volume.
  • Si la douleur est trop importante faire des exercices de décharge comme le vélo ou la natation pour maintenir le niveau physique mais avec une nette diminution de la charge sur la bandelette ilio tibiale.
  • Renforcement musculaire des membres inférieurs et du tronc, travail de proprioception ainsi que des assouplissements.
  • Ostéopathie / thérapie manuelle : les thérapies manuelles en complément d’un programme d’exercice vont faciliter les adaptations corporelles et aider sur la gestion de la douleur. La pratique de massage ou d’auto massage sera bénéfique également.

8 – Prévention

La prévention passera par la quantification du stress mécanique que vous exercez sur votre corps avec une augmentation progressive de votre volume d’entrainement. Les exercices de renforcements musculaires représentent un bon moyen de prévention et de traitement du syndrome de la bandelette ilio tibiale proximale.

L’analyse de la biomécanique de course est également un facteur préventif notamment votre cadence (nombre de pas) qui devrait se rapprocher des 180 pas / minute. Un moyen simple de savoir si vous courez bien est de vous écouter courir. Si vous faites beaucoup de bruits avec des pas lourd, il est fort probable que votre biomécanique soit mauvaise. Idéalement la course devrait se faire avec des petits pas fréquent qui n’engendrent que peu de bruit.

Un renforcement musculaire ciblé, en particulier des muscles stabilisateurs de la hanche, peut contribuer à un meilleur contrôle des mouvements et à une réduction du risque de blessures liées au TFL et à la BIT.

Conseil de votre ostéopathe

  • Consulter votre médecin du sport : afin de poser un diagnostic sur votre pathologie, la gestion de la douleur dans les cas graves peut imposer des anti-inflammatoires voir des infiltrations.
  • Consulter votre ostéopathe du sport : afin de gérer la douleur, d’analyser les déséquilibres musculaires et articulaires et de vous faire conseiller.
  • Consulter votre kinésithérapeute du sport : afin de mettre en place un plan de traitement incluant des exercices de renforcements musculaire et des assouplissements.
Références scientifiques
  • Decker G, Hut D., Proximal Iliotibial Band Syndrome in a Runner : A case Report, PM R. Fév. 2019 ; 11(2) : 206-209.

  • Heiderscheit B, McClinton S, Evaluation and Management of Hip and Pelvis Injuries, Phys Med Rehabil Clin N Am. Fév. 2016 ; 27 (1) : 1-29.

Tin KOJIC Ostéopathe D.O.