Tendinopathie du moyen fessier

11 Sep 2023

La tendinopathie du moyen fessier est une pathologie plus souvent observée chez les femmes post-ménopausées et les coureurs de trail. C’est la principale cause de douleurs localisée sur le côté de la hanche. Nous allons en apprendre plus sur le moyen fessier et sa pathologie.

1 – Anatomie du moyen fessier

Le moyen fessier, également connu sous le nom de muscle moyen glutéal, est l’un des muscles de la région fessière située dans la région postérieure de la cuisse. Il est responsable de divers mouvements du membre inférieur, notamment l’extension, l’abduction et la rotation latérale de la hanche. Voici une anatomie détaillée du moyen fessier :

Origine : Le moyen fessier prend son origine au niveau de la surface externe de l’os iliaque (l’os du bassin) entre les lignes glutéales antérieure et postérieure. Il s’étend également vers la surface externe de la crête iliaque.
Trajet : Les fibres du moyen fessier se dirigent obliquement vers le bas et latéralement à travers la région fessière.
Insertion : Le moyen fessier s’insère sur le grand trochanter de l’os fémur, la grosse saillie osseuse située sur le côté supérieur de la cuisse.
Innervation : Le moyen fessier est principalement innervé par le nerf glutéal supérieur (nerf glutéal supérieur), qui provient du plexus lombaire.
Fonctions :
Extension de la hanche : Le moyen fessier participe à l’extension de la hanche, c’est-à-dire le mouvement de recul de la cuisse.
Abduction de la hanche : Il est également responsable de l’abduction de la hanche, ce qui signifie qu’il permet de soulever la cuisse sur le côté du corps.
Rotation latérale de la hanche : En plus de l’extension et de l’abduction, le moyen fessier contribue à la rotation latérale de la hanche.
Relations anatomiques : Le moyen fessier est recouvert par d’autres muscles et tissus, tels que le muscle glutéal maximus (grand fessier) et le fascia lata, un tissu conjonctif épais qui enveloppe les muscles de la cuisse.

En résumé, le moyen fessier est un muscle clé de la région fessière qui joue un rôle essentiel dans le mouvement et la stabilisation de la hanche. Il est impliqué dans l’extension, l’abduction et la rotation latérale de la hanche, et sa force et sa coordination sont importantes pour maintenir une fonction corporelle normale.

2 – Biomécanique du moyen fessier

La biomécanique du moyen fessier implique l’étude approfondie des mouvements, des forces et des interactions musculaires associés à ce muscle. Voici une analyse détaillée de la biomécanique du moyen fessier :

Extension de la hanche: lorsque le moyen fessier se contracte de manière isométrique (sans changement de longueur), il contribue à maintenir la posture verticale en stabilisant la hanche. Lorsqu’il se contracte de manière concentrique (se raccourcit), il génère une force d’extension à la hanche. Cela est particulièrement important lors des mouvements tels que la marche, la course et le saut, où l’extension de la hanche est nécessaire pour propulser le corps en avant.

Abduction de la hanche : l’abduction de la hanche se produit lorsque le moyen fessier se contracte pour soulever la cuisse sur le côté du corps. C’est un mouvement important pour maintenir l’équilibre en position debout et pour permettre des mouvements latéraux.
Lorsque le moyen fessier se contracte de manière excentrique (s’allonge tout en générant une force), il contrôle la descente contrôlée de la cuisse en position d’abduction.

Rotation latérale de la hanche : la rotation latérale de la hanche implique la rotation de la cuisse vers l’extérieur. Le moyen fessier joue un rôle dans ce mouvement, en particulier lorsqu’il se contracte de manière concentrique.

Interaction avec d’autres muscles : le moyen fessier travaille en synergie avec d’autres muscles de la hanche et de la cuisse pour produire des mouvements coordonnés. Le muscle glutéal maximus (grand fessier) est un muscle puissant qui participe également à l’extension de la hanche. Les deux muscles travaillent ensemble pour générer une force maximale d’extension. Les muscles adducteurs de la hanche, situés à l’intérieur de la cuisse, travaillent en opposition aux muscles abducteurs comme le moyen fessier, ce qui permet un contrôle précis des mouvements de la cuisse.

Stabilisation pelvienne : le moyen fessier joue un rôle important dans la stabilisation de la région pelvienne pendant les activités de mouvement. Lorsque le poids du corps est supporté sur une jambe, le moyen fessier de l’autre côté se contracte pour maintenir le bassin stable et empêcher l’affaissement de la hanche.

Rôle dans les activités fonctionnelles : la biomécanique du moyen fessier est particulièrement importante lors d’activités telles que la montée d’escaliers, la marche en montée, la course, le saut et d’autres mouvements impliquant l’extension de la hanche et la stabilité pelvienne.

3 – Biomécanique du moyen fessier lors de la course

Le moyen fessier joue un rôle crucial lors de la course à pied en contribuant à la stabilité, à la propulsion et à la régulation des mouvements. Voici un examen détaillé du rôle du moyen fessier lors de la course à pied :

Stabilisation pelvienne et contrôle de la hanche : lorsque vous courez, le moyen fessier maintient la stabilité de la région pelvienne. Il travaille pour éviter l’inclinaison excessive du bassin d’un côté à l’autre, ce qui pourrait entraîner des mouvements inefficaces et des risques de blessures. La stabilité pelvienne assurée par le moyen fessier permet un mouvement de la jambe plus fluide et coordonné pendant la course.

Phase d’appui : pendant la phase d’appui d’une foulée, lorsque votre pied est en contact avec le sol, le moyen fessier aide à maintenir la hanche en extension. Cela favorise une extension de la hanche plus efficace au moment de la poussée suivante. Le moyen fessier contribue à la génération de force pour propulser le corps vers l’avant lors de l’extension de la hanche.

Propulsion et extension de la hanche : lorsque le pied quitte le sol et commence à se déplacer vers l’arrière pendant la phase de balancement, le moyen fessier entre en action pour étendre la hanche. Cela favorise la propulsion du corps vers l’avant et permet une transition fluide vers la prochaine phase d’appui. Une extension de hanche puissante et coordonnée est essentielle pour maintenir une bonne vitesse et efficacité de course.

Contrôle de l’abduction et de la rotation : le moyen fessier contrôle également l’abduction de la hanche, c’est-à-dire le mouvement de la cuisse vers l’extérieur. Cela contribue à maintenir l’alignement approprié de la jambe pendant la course. Il participe également à la rotation latérale de la hanche, un mouvement subtil qui peut aider à ajuster la position de la jambe pendant la foulée.

Prévention des blessures : un moyen fessier fort et fonctionnel peut aider à prévenir les blessures liées à la course, comme le syndrome de la bandelette ilio-tibiale et les douleurs au genou. En stabilisant le bassin et en favorisant un bon alignement, le moyen fessier peut réduire les contraintes excessives sur d’autres parties du corps pendant la course.

Coordination avec d’autres muscles : le moyen fessier travaille en synergie avec d’autres muscles de la hanche, du tronc et des membres inférieurs pour assurer une mécanique de course fluide et efficace.

En résumé, le moyen fessier est un acteur clé dans la biomécanique de la course à pied. Il contribue à la stabilité pelvienne, à la propulsion du corps vers l’avant, à l’extension de la hanche et au contrôle des mouvements de la jambe. Un moyen fessier fonctionnel et bien entraîné est essentiel pour améliorer la performance, réduire les risques de blessures et maintenir une technique de course optimale.

4 – Symptômes de la tendinopathie du moyen fessier

La tendinopathie du moyen fessier, également connue sous le nom de syndrome du moyen fessier ou tendinite du moyen fessier, est une condition caractérisée par des douleurs et des inconforts localisés dans la région de la hanche et de la fesse. Voici une description détaillée des symptômes associés à cette affection :

Douleur latérale de la hanche : la douleur est généralement ressentie du côté de la hanche où se trouve le moyen fessier affecté. Elle peut être localisée à la surface externe de la hanche et de la cuisse.

Douleur à la marche ou à la course : la douleur peut être exacerbée par des activités telles que la marche, la course, la montée d’escaliers, le saut ou tout mouvement nécessitant une extension ou une abduction de la hanche.

Douleur en position assise ou couchée sur le côté affecté : la douleur peut être ressentie lorsque vous vous asseyez pendant de longues périodes, en particulier sur une surface dure. Elle peut également être exacerbée lorsque vous vous allongez sur le côté affecté.

Douleur pendant la nuit : certaines personnes peuvent ressentir de la douleur pendant la nuit, en particulier lorsqu’elles essaient de s’allonger sur le côté affecté.

Sensibilité à la palpation : en pressant doucement sur la région externe de la hanche, vous pouvez ressentir de la sensibilité et de la douleur au niveau du tendon du moyen fessier.

Raideur matinale : certaines personnes peuvent éprouver une raideur et une douleur accrues au niveau de la hanche après s’être levées le matin ou après une période de repos prolongée.

Douleur irradiant vers le bas de la cuisse : dans certains cas, la douleur peut irradier le long de la cuisse jusqu’au genou, mais elle reste généralement localisée dans la région de la hanche.

Diminution de la force et de la stabilité de la hanche : en raison de la douleur et de la gêne, vous pourriez remarquer une diminution de la force musculaire et de la stabilité de la hanche affectée.

Douleur en se levant d’une chaise ou en changeant de position : les mouvements qui impliquent une transition d’une position assise à debout, ou vice versa, peuvent déclencher une douleur.

Il est important de noter que les symptômes de la tendinopathie du moyen fessier peuvent varier en intensité et en fréquence d’une personne à l’autre.

5 – Diagnostic

Il est surtout clinique, le praticien va palper à la recherche de la zone douloureuse dans la zone supra trochantérienne de la hanche. Le praticien va également réaliser une abduction contre résistance qui va être dans la plupart des cas douloureuses. La station unipodale prolongée va être douloureuse.
Cela peut être complété par la réalisation d’une échographie mais l’utilité est faible car bien souvent le diagnostic est évident par un examen clinique bien mené.
Attention toutefois de ne pas confondre la tendinopathie du moyen fessier avec un syndrome de la bandelette tibial proximale ou une méralgie.

6 – Quelles sont les causes qui favorisent l’apparition d’une tendinopathie du moyen fessier apparait ?

Elles sont multifactorielles comme souvent mais la cause majeur est la sursollicitation mécanique :

  • L’augmentation de la charge d’entrainement, le syndrome de la bandelette ilio tibiale est souvent rencontré lorsque l’on augmente le volume d’entrainement.
  • La biomécanique de course ainsi que les déséquilibres musculaires peuvent favoriser l’apparition du syndrome. Ce syndrome est souvent unilatérale, la biomécanique permet souvent d’expliquer pourquoi un côté est touché et pas l’autre.
  • La récupération, un manque de récupération notamment de sommeil va limiter les capacités d’adaptations de l’organisme ce qui peut concourir à l’apparition du problème.
  • Le stress est un facteur majeur de la diminution de la capacité de l’organisme à se régénérer convenablement après un effort sportif.
  • L’alimentation surtout si elle est inadapté peut participer à l’apparition du syndrome notamment si vous souffrez d’inflammation de bas grade.
  • La tendinopathie du moyen fessier est plutôt une pathologie fréquente chez le coureur de fond (Marathon – trail), liée à une augmentation de la charge d’entrainement du nombre de répétitions ou de l’amplitude du mouvement.

7 – Quelles sont les traitements d’une tendinopathie du moyen fessier ?

Chaque cas est unique il convient donc de vous faire conseiller par un professionnel pour l’adapter. Les traitements seront avant tout par moyens physiques :

  • Diminution du volume d’entrainement, diminution des entrainements douloureux (squats en appui unipodal, volume et vitesse de course, descente de cotes).
  • Fractionner les entrainements pour en diminuer le volume, si vous courez longtemps 2 fois par semaine, il serait peut-être plus préférable de faire la même quantité mais sur 4 sorties cela permet à votre corps de s’adapter plus facilement.
  • Si la douleur est trop importante faire des exercices de décharge comme le vélo ou la natation pour maintenir le niveau physique mais avec une nette diminution de la charge sur le moyen fessier.
  • Renforcement musculaire du moyen fessier, des membres inférieurs et du tronc, travail de proprioception ainsi que des assouplissements.
  • Ostéopathie / thérapie manuelle : les thérapies manuelles en complément d’un programme d’exercice vont faciliter les adaptations corporelles et aider sur la gestion de la douleur. La pratique de massage ou d’auto massage sera bénéfique également.

8 – Prévention

La prévention passera par la quantification du stress mécanique que vous exercez sur votre corps avec une augmentation progressive de votre volume d’entrainement. Les exercices de renforcements musculaires représentent un bon moyen de prévention et de traitement du syndrome de la bandelette ilio tibiale.
L’analyse de la biomécanique de course est également un facteur préventif notamment votre cadence (nombre de pas) qui devrait se rapprocher des 180 pas / minute. Un moyen simple de savoir si vous courez bien est de vous écouter courir. Si vous faites beaucoup de bruits avec des pas lourd, il est fort probable que votre biomécanique soit mauvaise. Idéalement la course devrait se faire avec des petits pas fréquent qui n’engendrent que peu de bruit.
Une faiblesse ou un déséquilibre dans le moyen fessier peut contribuer à des problèmes de posture, à des douleurs lombaires, à des douleurs à la hanche et à d’autres troubles musculo-squelettiques.

Conseil de votre ostéopathe

  • Consulter votre médecin du sport : afin de poser un diagnostic sur votre pathologie, la gestion de la douleur dans les cas graves peut imposer des anti-inflammatoires voir des infiltrations.
  • Consulter votre ostéopathe du sport : afin de gérer la douleur, d’analyser les déséquilibres musculaires et articulaires et de vous faire conseiller.
  • Consulter votre kinésithérapeute du sport : afin de mettre en place un plan de traitement incluant des exercices de renforcements musculaires et des assouplissements.
Références scientifiques
  • Grimaldi A, Mellor R, Hodges P, Bennell K, Wajswelner H, Vicenzino B, Gluteal tendinopathy : a Review of mecanisms, Assesment and Management, Sports Med. Aout 2015 ; 45(8) : 1107-1119. 

  • Ganderton C, Semciw A, Cook J, Moreira E, Pizzari T., Gluteal Loading Versus Sham Exercices to Improve Pain and Dysfunction in Postmenopausal Women with Greater Trochanteric Pain Syndrome : A Randomized Controlled Trial, J Womens Health (Larchmt). Juin 2018 ; 27 (6) : 815-829.

Tin KOJIC Ostéopathe D.O.