L’inflammation de bas grade et ostéopathie

23 Août 2022

L’inflammation de bas grade ou inflammation chronique est également désignée sous le terme de « tueuse de l’ombre ». Cette condition que l’on rencontre fréquemment en consultation d’ostéopathie va accentuer les problématiques musculo-squelettiques mais pas seulement.

Définition de l’inflammation

Il existe 2 types d’inflammations :

Inflammation : L’inflammation est un mécanisme de défense de première ligne face à une agression (allergie, agression, blessure). Elle a pour objectif de reconnaître, détruire et éliminer toutes les substances qui lui sont étrangères. C’est un processus naturel qui a une durée limitée dans le temps et qui peut être intense.

 

Inflammation de bas grade : Elle est considérée de bas grade car elle est silencieuse et sournoise. Il s’agit d’une réaction inflammatoire sans signes cliniques, à peine détectée par analyse sanguine. On relève des taux plus élevés de médiateurs inflammatoires circulants tels que la CRP – us, l’interleukine-6 et le facteur de nécrose tumorale alpha.

Cette inflammation est de plus en plus reconnue comme un marqueur de risque de nombreuses maladies chroniques telles que les maladies cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, diabète, cancer, maladies neuro-dégénératives, obésité, dépression…

Qu’est-ce qu’il se passe lors d’une réaction inflammatoire ?

La détection de l’agression par l’organisme entraine une arrivée massive de cellules immunitaires sur le site concerné. Pour cela, les vaisseaux sanguins de la zone se dilatent et les cellules immunitaires sur place produisent des molécules qui activent et attirent leurs congénères en fonction de la menace identifiée. C’est ce qui cause les rougeurs, gonflements, douleurs et sensation de chaleurs souvent présentes sur le site de l’inflammation.

C’est une réaction qui ne doit durer que pendant le temps de l’agression de l’organisme. Lors de l’inflammation de bas grade, cette inflammation va perdurer dans le temps et devenir chronique à bas bruit.

Perturbation du système inflammatoire

Lorsque que l’on est atteint de maladies auto-immunes ou certaines maladies auto-inflammatoires, le système immunitaire va s’activer trop fréquemment, déclenchant de l’inflammation. Parmi les maladies auto-immunes les plus connues, on peut citer : le diabète de type 1, la sclérose en plaque, la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite ankylosante.

Ces maladies doivent être prise en charge médicalement et nécessitent un suivi régulier. Elles représentent une forte perturbation du système inflammatoire.

La perturbation de l’inflammation peut exister sans forcément créer de maladie visible immédiatement mais créer le lit des maladies chroniques. On est alors dans l’inflammation de bas grade.

Comment mesurer l’inflammation ?

Pour mesurer l’inflammation, on va regarder le taux de CRP (C Réactive Protein) qui est une protéine synthétisée par le foie lors de l’inflammation.

On peut la mesurer de 2 manières :

CRP standard : la mesure la plus fréquente. Elle doit se situer en dessous de 6mg/L. Un taux élevé peut signifier la présence d’une infection, d’une maladie inflammatoire ou d’une blessure.

CRP – us : CRP ultrasensible mesurée peu fréquemment. Un taux supérieur 2,0 m/L peut signifier un état d’inflammation de bas grade qui augmente notamment le risque de maladie cardio vasculaire. La CRP – us varie dans le temps, c’est pourquoi il est nécessaire de faire plusieurs fois les mesures.

Quels traitements pour l’inflammation ?

Le traitement d’une inflammation aigue dépend de sa cause et de sa gravité, mais vise généralement à en diminuer les symptômes, notamment par des anti-inflammatoires. Si l’inflammation résulte d’une infection, un antibiotique peut être prescrit en cas d’infection bactérienne, ou un antifongique s’il s’agit d’un champignon, un antiviral selon les virus, etc. Une inflammation qui dure dans le temps doit amener à consulter un médecin.

L’inflammation chronique correspond quant à elle à une activation permanente du système immunitaire. C’est essentiellement notre mode de vie (alimentation, sédentarité, stress, tabagisme…) et notre environnement (présence de polluants) qui sont à l’origine de cette inflammation chronique. Or, on sait maintenant qu’elle est présente dans presque tous les problèmes de santé : arthrose, douleurs musculo squelettiques chronique, allergie, maladies cardiovasculaires, cancer, maladie d’Alzheimer… En fait, la présence de cette inflammation à bas bruit sur le long terme nous rend plus vulnérables aux maladies, d’où l’importance d’essayer de la réduire.

Inflammation et douleurs musculo-squelettiques : est-il utile de prendre des anti-inflammatoires ?

Les douleurs musculo-squelettiques (articulations, tendons) correspondent le plus souvent à 2 grands tableaux :

Les douleurs liées à des traumatismes avec lésions tissulaires comme les fractures, les luxations et les entorses. Ces lésions vont créer de l’inflammation de haut grade et de la douleur qui peut être très intense. Les anti-inflammatoires et les antalgiques vont être utiles dans la gestion de la douleur.

On peut rattacher à ce groupe les maladies auto-immunes avec un fort facteur inflammatoire qui répondent plutôt bien à la médication comme la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite ankylosante.

Les douleurs mécaniques (articulaires, musculaires, tendinites), les plus nombreuses 90 à 95 % des cas et qui ne sont pas rattachées à une lésion physique.

En effet, contrairement à une croyance répandue, la grande majorité des douleurs ne sont pas associées à une lésion physique, ce qui entraine un changement de paradigme qui nous vient des découvertes scientifiques récentes.

Dans ces cas-là, le meilleur traitement est le mouvement avec stimulation physique (exercice, mobilisation, manipulation) voire des techniques psychologiques dans le cas de la douleur chronique (méditation, cohérence cardiaque, explication des causes de la douleur, lutte contre le catastrophisme). Les anti-inflammatoires et la médication ont généralement peu de résultat sur ces motifs de consultations avec un risque important d’effets secondaires si la prise est répétée dans le temps.

L’inflammation de bas grade peut prolonger les douleurs musculo-squelettiques voire les faire devenir chroniques. Le cas le plus parlant est celui des tendinites ou de la douleurs de dos qui vont durer plus longtemps chez les patients présentant un terrain inflammatoire de bas grade.

Conseil de votre ostéopathe pour réduire votre inflammation de bas grade

  • La gestion du poids: c’est un élément essentiel de la gestion de l’inflammation de bas grade car le tissu adipeux est générateur d’inflammation. N’hésitez pas à vous rapprocher d’une diététicienne afin de réaliser un plan cohérent de perte de poids.
  • L’activité physique: outre le fait d’aider dans la gestion de poids, l’activité physique va avoir une action anti-inflammatoire et diminuer l’inflammation de bas grade.
  • L’alimentation: outre le fait de gérer la quantité pour maintenir un poids normal, il convient également d’améliorer la qualité de l’alimentation avec notamment un bon apport en fruits et légumes et bonnes graisses.
  • La gestion du stress: le stress est un générateur majeur d’inflammation, il convient d’essayer de le gérer du mieux possible. Outre l’activité physique, l’alimentation, les exercices de méditation ou de cohérence cardiaque peuvent être de sérieux alliés. Toutefois, chaque personne est unique dans la gestion de celui-ci.
  • Le sommeil: un sommeil perturbé va être une source de fatigue et d’inflammation par dérégulation du système immunitaire et inflammatoire.
  • L’ostéopathie : L’ostéopathie peut aider dans la gestion des conséquences de l’inflammation de bas grade notamment pour les douleurs musculo-squelettique ou pour vous aider à vous relaxer. Votre ostéopathe pourra également vous donner des conseils pour diminuer votre inflammation de bas grade et vous réorienter si besoin vers d’autres professionnels (diététicienne, kinésithérapeute, médecin, psychologue, coach sportif).
Références scientifiques

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Tin KOJIC Ostéopathe D.O.