Pubalgie et ostéopathie
La pubalgie est une affection redoutée par les sportifs car elle peut être coriace à guérir.
1) Définition de la pubalgie
C’est un syndrome algique du carrefour abdomino-inguino-pubien lié à l’effort sportif. Il survient le plus souvent chez un athlète (amateur ou professionnel) présentant des facteurs de risque et un contexte anatomique prédisposant.
2 – Epidémiologie
La pubalgie touche en particulier l’adulte jeune de sexe masculin pratiquant une activité sportive de manière intensive.
La prévalence est de 5 à 18% des sportifs tous sports confondus. Les pratiques sportives impliquant des changements de directions fréquents avec des accélérations, décélérations avec des rotations du tronc sur le bassin, sont plus représentées comme le football, le rugby, le hockey ou le handball.
Autre fait intéressant, la pubalgie est souvent une pathologie récidivante car la récidive atteint de 30 à 45% des sujets. La tendinopathie des adducteurs a une prévalence de 45 à 60%.
3 – Causes
Nous pouvons repérer :
Les facteurs extrinsèques : qui ne sont pas directement reliés à l’athlète comme déclencheur de pubalgie comme l’activité physique intense ou l’augmentation trop brutale de la charge d’entrainement.
Une mauvaise rééducation après une blessure, le changement de matériel (chaussure d’entrainement), le terrain d’entrainement sol dure ou plus mous, déshydrations ou l’existence de foyers infectieux situés à distance notamment au niveau dentaire.
Les facteurs intrinsèques regroupent notamment l’antécédent de pubalgie qui augmente significativement le risque de récidive.
Un facteur biomécanique qui peut surcharger la région antérieure du pubis est l’équilibre sagittal du rachis avec en particulier l’incidence pelvienne de Duval. Si elle est insuffisante, on observe une antéversion exagérée du bassin ce qui va augmenter la charge de travail de la symphyse pubienne et contribuer à l’apparition de la pubalgie.
De manière classique on décrit un morphotype à risque de cette symptomatologie : un sportif masculin ayant une hyperlordose lombaire, une antéversion du bassin associé à une musculature développée des membres inférieures mais raccourcis notamment au niveau des ischios jambier et des adducteurs contrastant avec la faiblesse relative des abdominaux latéraux.
Ce fait classiquement énoncé dans la majorité des articles relatifs à la pubalgie n’est pas vérifier bien qu’un déficit des muscles obliques jusqu’à 87% ait déjà été mesuré.
La faiblesse relative des adducteurs comparés aux abducteurs de la hanche pourrait être un facteur de développement de la pubalgie.
Certains auteurs évoquent également l’hypertonie du muscle droit fémoral comme l’un des facteurs majeurs de la pubalgie associant à cela une tension excessive de la chaine antérieure notamment avec l’ilio psoas.
Enfin certains considères le rôle des ischio jambier et de la chaine postérieure en plus du déséquilibre abdominaux adducteurs.
Ces faits nous montrent que l’apparition de la pubalgie est plus complexe qu’un simple déséquilibre adducteurs forts et abdominaux faibles. L’intrication anatomique de la zone associée aux nombreux rapports anatomiques de la hanche fait envisager l’apparition d’une pubalgie comme un phénomène global de déséquilibre musculaire sur une zone anatomique fragile.
4 – Diagnostic
La classification de la pubalgie se fait usuellement selon l’origine de l’atteinte.
Il peut s’agir de :
- Arthropathie pubienne
- Insuffisance pariéto-abdominale
- Tendinopathie du muscle grand droit
- Tendinopathie du muscle adducteur
Le terme d’ostéite pubienne devrait plutôt être réservé à la classification radiologique car ce n’est pas vraiment une entité diagnostique à part.
Pour la tendinopathie du muscle adducteur, on a l’habitude de la classer en 2 catégories :
Forme traumatique aiguë
Souvent liée à une contraction excentrique soudaine suite à un événement traumatique (choc, grand écart, tir contré du pied, perte d’appui).
On pourra voir soit une lésion musculaire souvent de la jonction myotendineuse, soit d’une désinsertion complète ou partielle.
Forme chronique
Essentiellement constituée d’enthésopathie plutôt que de vrai tendinopathie.
L’examen clinique met en évidence une triade à savoir une douleur présente à la palpation, une douleur à la mise en tension passive et à la contraction contre résistance.
La douleur passe lors de l’exercice physique puis revient à froid. En absence de prise en charge la douleur devient permanente et de plus en plus douloureuse.
Des examens complémentaires sous prescription médicale peuvent être réalisés (radio, échographie, IRM).
5) Faut-il prendre des anti-inflammatoires
Non pas forcément, ce type de traitement est remis en cause car les antis inflammatoires ont démontré leur intérêt lorsque la prise survient juste après un traumatisme, réduisant notamment la phase de détersion mais à long cour les antis inflammatoires montrent des effets négatifs sur la régénération musculaire.
6 – Faut-il se faire infiltrer ?
L’infiltration est une option thérapeutique notamment pour la gestion de la douleur toutefois l’infiltration ne doit pas être répété car les infiltrations dégradent le muscle.
L’infiltration est efficace pour soulager la douleur mais ne peut en rien modifier le processus de guérison de la tendinopathie.
Les infiltrations seules sans rééducation présentent un fort taux de récidive entre 30 et 90% respectivement à 6 et 12 mois d’intervalles de l’infiltration.
7 – Faut-il opérer ?
Non, dans la grande majorité des cas le traitement conservateur (médicale, ostéopathie, kinésithérapie) est suffisant.
Le traitement chirurgical est essentiellement réservé à la forme d’insuffisance pariéto abdominal. Cette intervention a été popularisée par Nesovic en Europe.
Le principal but de l’opération est de remédier au déséquilibre entre les abdominaux et les adducteurs en réalisant une plastie abdominale qui va pallier l’insuffisance des muscles obliques et va obturer sous tension la déhiscence qui est une hernie directe.
8 – Traitement ostéopathique de la pubalgie
L’ostéopathe par une palpation minutieuse va repérer les déséquilibres articulaires et musculaires qui peuvent favoriser l’apparition d’une pubalgie. L’ostéopathe portera une attention soutenue aux articulations du membre inférieur, de la hanche, du bassin, des lombaires et de la charnière dorso lombaire ainsi qu’aux différents muscles.
Les manipulations et mobilisations de l’ostéopathe vont permettre de diminuer la douleur et les sursollicitations articulaires et musculaires.
Conseils de votre ostéopathe
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Consultera un médecin du sport : afin d’établir un diagnostic précis et pour la réalisation d’examens complémentaires.
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Consulter votre ostéopathe : afin de réduire la douleur, d’harmoniser les déséquilibres articulaires et musculaires.
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Consulter votre kinésithérapeute : afin de réaliser des exercices de rééducation et de renforcements musculaires.
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Prévention : le protocole de Copenhagen permet une prévention très efficace.
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Améliorer la récupération : sommeil, alimentation, ajuster l’activité physique, gestion du stress.
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