Lombalgie du coureur à pied et Ostéopathie

7 Nov 2023

La course à pied est un sport populaire, c’est l’un des meilleurs moyens de prévention des lombalgies ; toutefois il arrive que dans certaines conditions la course à pied déclenche une lombalgie.

1 – Anatomie de la colonne vertébrale

La colonne vertébrale, également appelée rachis, est une structure anatomique complexe qui constitue la partie centrale du squelette axial du corps humain. Elle joue un rôle crucial en soutenant le corps, en permettant la mobilité et en protégeant la moelle épinière. La colonne vertébrale est composée de plusieurs vertèbres empilées les unes sur les autres, et elle est divisée en différentes régions. Voici une description de la colonne vertébrale :

Régions de la colonne vertébrale : La colonne vertébrale est divisée en cinq régions principales, de haut en bas : a. Région cervicale : Cette région comprend les sept premières vertèbres cervicales (C1 à C7) et se trouve dans le cou. b. Région thoracique : Il s’agit de la partie moyenne de la colonne vertébrale et comprend douze vertèbres thoraciques (T1 à T12). c. Région lombaire : Située dans la partie inférieure de la colonne vertébrale, elle est composée de cinq vertèbres lombaires (L1 à L5). d. Région sacrée : La région sacrée est formée par cinq vertèbres sacrées (S1 à S5) fusionnées pour former le sacrum. e. Région coccygienne : La région coccygienne est formée par plusieurs vertèbres coccygiennes fusionnées pour former le coccyx.

Structure d’une vertèbre typique : Chaque vertèbre a une structure similaire, composée des éléments suivants : a. Corps vertébral : La partie antérieure de la vertèbre, qui supporte la charge. b. Arc neural : L’arc neural forme la partie postérieure de la vertèbre et protège la moelle épinière. c. Processus épineux : Une projection osseuse à l’arrière de la vertèbre, que vous pouvez sentir lorsque vous touchez votre dos. d. Processus transverses : Deux projections latérales à partir de l’arc neural. e. Foramen vertébral : L’ouverture centrale formée par le corps vertébral et l’arc neural, à travers laquelle passe la moelle épinière.

Fonctions de la colonne vertébrale : La colonne vertébrale a plusieurs fonctions importantes : a. Soutien : Elle soutient le poids du corps et permet de maintenir la posture. b. Mobilité : Elle permet la flexion, l’extension, la rotation et l’inclinaison du tronc. c. Protection : Elle protège la moelle épinière, qui est essentielle au système nerveux central. d. Amortissement des chocs : Les disques intervertébraux entre les vertèbres agissent comme des amortisseurs pour absorber les chocs.

Courbures de la colonne vertébrale : La colonne vertébrale humaine présente des courbures naturelles qui aident à répartir la force et à maintenir l’équilibre : a. Courbure cervicale : Courbure vers l’avant dans la région cervicale. b. Courbure thoracique : Courbure vers l’arrière dans la région thoracique. c. Courbure lombaire : Courbure vers l’avant dans la région lombaire. d. Courbure sacrée : Courbure vers l’arrière dans la région sacrée.Ensemble, ces éléments forment la structure complexe de la colonne vertébrale, qui est essentielle à la fonction corporelle et à la mobilité. Il est important de prendre soin de la colonne vertébrale pour maintenir une bonne santé et prévenir les problèmes liés à cette structure, tels que les douleurs cervicales, dorsales, lombaire et les troubles neurologiques.

2 – Biomécanique

La biomécanique de la colonne vertébrale se réfère à l’étude des forces et des mouvements qui agissent sur la colonne vertébrale ainsi qu’à la manière dont elle réagit à ces forces. Comprendre la biomécanique de la colonne vertébrale est essentiel pour évaluer la santé de la colonne vertébrale, concevoir des interventions médicales ou chirurgicales appropriées et prévenir les blessures et les troubles.

Voici quelques éléments clés de la biomécanique de la colonne vertébrale :

Charges et contraintes :

  • La colonne vertébrale est soumise à diverses charges et contraintes, notamment la compression (la force vers le bas), la traction (la force vers le haut), la flexion (la courbure vers l’avant), l’extension (la courbure vers l’arrière), la rotation et l’inclinaison latérale.
  • Les disques intervertébraux agissent comme des amortisseurs pour répartir et absorber ces charges, ce qui permet de protéger les vertèbres et la moelle épinière.

Disques intervertébraux :

  • Les disques intervertébraux sont situés entre chaque paire de vertèbres et sont composés d’un noyau gélatineux appelé noyau pulpeux entouré d’une enveloppe fibreuse appelée annulus fibrosus
  • Les disques intervertébraux absorbent les chocs et permettent la flexibilité de la colonne vertébrale. Ils jouent un rôle clé dans la biomécanique de la colonne vertébrale.

Courbures naturelles :

  • Les courbures naturelles de la colonne vertébrale, notamment les courbures cervicale, thoracique, et lombaire, contribuent à répartir les forces de manière équilibrée et à absorber les chocs lors de la marche, de la course et d’autres activités physiques.

 

 

Postures et équilibre :

  • La posture et l’équilibre sont influencés par la biomécanique de la colonne vertébrale. Une posture adéquate réduit la contrainte sur la colonne vertébrale, tandis qu’une mauvaise posture peut entraîner des problèmes de dos.

Mobilité :

  • La biomécanique de la colonne vertébrale permet une gamme de mouvements, notamment la flexion, l’extension, la rotation et l’inclinaison latérale. La mobilité dépend de la structure des vertèbres, des disques intervertébraux et des ligaments.

Pathologies et blessures :

  • Comprendre la biomécanique de la colonne vertébrale est essentiel pour diagnostiquer et traiter les blessures et les troubles de la colonne vertébrale, tels que les hernies discales, les fractures, la scoliose et les troubles dégénératifs.

Les professionnels de la santé, tels que les orthopédistes, les ostéopathes, les kinésithérapeutes et les ingénieurs biomédicaux, utilisent des connaissances en biomécanique de la colonne vertébrale pour développer des traitements, des dispositifs médicaux et des thérapies qui visent à améliorer la santé de la colonne vertébrale, à soulager la douleur et à restaurer la fonction.

3 – Biomécanique de la colonne vertébrale pendant la course à pied

Lorsque vous courez, votre colonne vertébrale est soumise à différents mouvements. Les mouvements de flexion, d’extension et de rotation sont inévitables, mais ils doivent être contrôlés pour minimiser les contraintes excessives sur la colonne vertébrale. Voici comment ces mouvements interviennent pendant la course :

  • Flexion dorsale (incurvation du dos) : Lorsque vous courez, votre colonne vertébrale subit une légère flexion dorsale, c’est-à-dire que votre dos s’incurve légèrement vers l’avant. Cela permet d’absorber les chocs et de répartir la force.
  • Extension dorsale (cambrure du dos) : En même temps, il y a une extension de la colonne vertébrale lorsque vous courez, ce qui signifie que votre dos s’aplatit ou s’incurve légèrement vers l’arrière. Cela aide à maintenir une posture droite et à prévenir les blessures.
  • Rotation du tronc : La course à pied implique également une rotation du tronc pour générer de la puissance et maintenir l’équilibre.

 

Lorsque vous courez, les disques intervertébraux sont soumis à diverses forces et contraintes. Voici comment ils réagissent :

  • Compression : Pendant la course à pied, les disques intervertébraux subissent une compression verticale en raison du poids du corps. Cette compression peut être significative, en particulier lorsque vous atterrissez après chaque foulée.
  • Torsion : Les disques intervertébraux peuvent également subir des forces de torsion, en particulier lorsque le torse tourne pendant la course pour maintenir l’équilibre et générer de la puissance.
  • Flexion et extension : Les disques intervertébraux sont sollicités lors de la flexion et de l’extension du tronc, ce qui se produit naturellement pendant la course à pied.
  • Cisaillement : Le cisaillement se produit lorsque les vertèbres glissent les unes par rapport aux autres. Cela peut survenir en cas de mouvements brusques ou de chocs importants, comme lors d’une mauvaise réception après un saut.

Les contraintes exercées sur le disque intervertébral vont avoir un effet positif sur le long terme en renforçant la zone ainsi les coureurs à pieds ont des disques de meilleur qualité que les personnes sédentaires.

4 – Symptômes de la lombalgie

La lombalgie du coureur, également connue sous le nom de lombalgie liée à la course à pied, est une douleur dans la région lombaire (le bas du dos) qui peut affecter les coureurs. Les symptômes de la lombalgie du coureur peuvent varier en intensité, mais ils incluent généralement :

  • Douleur dans le bas du dos : La douleur se situe principalement dans la région lombaire, généralement d’un côté, bien qu’elle puisse parfois irradier vers l’autre côté ou vers les fesses.
  • Raideur : Les coureurs peuvent ressentir de la raideur dans le bas du dos, ce qui peut limiter leur mobilité.
  • Sensation de douleur sourde ou lancinante : La douleur est souvent décrite comme sourde ou lancinante, et elle peut s’aggraver pendant ou après la course.
  • Douleur pendant l’activité : La douleur est souvent plus prononcée pendant la course à pied ou d’autres activités physiques, et elle peut s’atténuer au repos.
  • Sensation de fatigue ou de faiblesse : Certains coureurs peuvent ressentir de la fatigue ou de la faiblesse dans les muscles lombaires.
  • Douleur à la palpation : La zone douloureuse peut être sensible à la pression ou à la palpation.

5 – Diagnostic

Il est clinique, le praticien via la palpation manuelle va déceler la zone douloureuse. Le test des amplitudes lombaires est également indiquée (flexion, extension, inclinaisons, rotations) afin de déterminer le mouvement limité ou douloureux. Un examen des chaines musculaires environnantes en relation avec les membres inférieurs est souvent utile.

Un examen neurologique peut être indiqué pour exclure toute forme de lombosciatalgie.

La réalisation d’examen complémentaire sous prescription médicale est rarement indiqué surtout s’il n’y a aucun signe neurologique (fourmillement, picotement, chaleur / froid, perte de sensibilité, perte de force musculaire).

6 – Quelles sont les causes qui favorisent la lombalgie en course à pied

Elles sont multifactorielles comme souvent mais la cause majeur est la sursollicitation mécanique :

  • L’augmentation de la charge d’entrainement, la lombalgie du coureur à pied est souvent rencontré lorsque l’on augmente l’amplitude de la foulée ou la vitesse notamment en descente.
  • La biomécanique de course ainsi que les déséquilibres musculaires peuvent favoriser l’apparition du syndrome. Le manque d’amplitude de la colonne lombaire ainsi que des hanches peuvent être déterminant.
  • La récupération, un manque de récupération notamment de sommeil va limiter les capacités d’adaptations de l’organisme ce qui peut concourir à l’apparition du problème.
  • Le stress est un facteur majeur de la diminution de la capacité de l’organisme à se régénérer convenablement après un effort sportif.
  • L’alimentation surtout si elle est inadapté peut participer à l’apparition du syndrome notamment si vous souffrez d’inflammation de bas grade.

7 – Quelles sont les traitements de la lombalgie du coureur à pied ?

Chaque cas est unique il convient donc de vous faire conseiller par un professionnel pour l’adapter. Les traitements seront avant tout par moyens physiques :

  • Diminution du volume d’entrainement, diminution des entrainements douloureux (diminution de l’amplitude, volume et vitesse de course, descente de cotes) voir un arrêt des entrainements si la douleur est trop importante.
  • Fractionner les entrainements pour en diminuer le volume, si vous courez longtemps 2 fois par semaine, il serait peut-être plus préférable de faire la même quantité mais sur 4 sorties cela permet à votre corps de s’adapter plus facilement. 
  • Si la douleur est trop importante faire des exercices de décharge comme la natation ou la marche pour maintenir le niveau physique mais avec une nette diminution de la charge sur les lombaires.
  • Renforcement musculaire des abdominaux, des muscles du tronc, travail de proprioception ainsi que des assouplissements.
  • Ostéopathie / thérapie manuelle : les thérapies manuelles en complément d’un programme d’exercice vont faciliter les adaptations corporelles et aider sur la gestion de la douleur. La pratique de massage ou d’auto massage sera bénéfique également.

8 – Prévention

La prévention passera par la quantification du stress mécanique que vous exercez sur votre corps avec une augmentation progressive de votre volume d’entrainement. Les exercices de renforcements musculaires représentent un bon moyen de prévention et de traitement notamment les muscles du tronc mais également d’assurer une bonne amplitude des chaines musculaires.

L’analyse de la biomécanique de course est également un facteur préventif notamment votre cadence (nombre de pas) qui devrait se rapprocher des 180 pas / minute. Un moyen simple de savoir si vous courez bien est de vous écouter courir. Si vous faites beaucoup de bruits avec des pas lourd, il est fort probable que votre biomécanique soit mauvaise. Idéalement la course devrait se faire avec des petits pas fréquent qui n’engendrent que peu de bruit.

Une augmentation brutale de l’amplitude de course est à risque de favoriser l’apparition de la lombalgie.

Conseil de votre ostéopathe

  • Consulter votre médecin du sport : afin de poser un diagnostic sur votre pathologie, la gestion de la douleur dans les cas graves peut imposer des anti-inflammatoires voir des infiltrations.
  • Consulter votre ostéopathe du sport : afin de gérer la douleur, d’analyser les déséquilibres musculaires et articulaires et de vous faire conseiller.
  • Consulter votre kinésithérapeute du sport : afin de mettre en place un plan de traitement incluant des exercices de renforcements musculaires et des assouplissements.

 

Références scientifiques

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Tin KOJIC Ostéopathe D.O.